Essais sur l'éducation - 1

Publié le par oTherWiSe

Bataille_eperons_dor.jpgIls m’avaient suivi sans trop de hargne et se disposèrent dans la salle en quelques secondes. A l’évidence la tactique militaire leur était familière. Répartis logiquement dans la pièce, ils contrôlaient toutes les issues. Des bataillons armés se placèrent sur les ailes avant et emblaient attendre les ordres des plus âgés installés en retrait.
Dans un vrombissement tantôt aigue tantôt grave les consignes circulent, la révolte gronde. C’est l’angoisse. Depuis plusieurs minutes maintenant, je suis assis face à eux. A seulement un ou deux mètres de leur premières lignes je peux presque sentir cette odeur fade caractéristique mêlant après shampoing d’une sous marque allemande et effluves de pieds trop peu souvent aseptisés. J’essaie de prendre un air détaché mais al crampe qui me vrille l’estomac m’oblige à serrer la mâchoire. Ils me fixent, me jaugent et tentent de détecter la moindre de mes failles en attendant le moment propice à l’attaque. Mon cœur s’accélère. J’ai les mains moites. Peu à peu, malgré mes efforts pour paraitre calme, je sens une goutte perler et glisser joyeusement du haut de mon front. Comme mue d’une volonté propre cette gouttelette risque à tout moment de me trahir aux yeux de la meute.
D’un rapide coup d’œil je repère les issues de secours. J’essaie d’établir une trajectoire aussi sécurisée que possible afin de m’enfuir quand nécessaire. Sur la gauche un groupe d’individus plus petits semble moins dangereux. Ils ne possèdent pas dans les yeux la même assurance que les autres. Mais je crains une ruse des plus fourbes car ils sont munis de sacs aussi gros qu’eux et je n’ose imaginer quelles armes terribles ils peuvent y cacher !
Peut-être qu’en prenant appuie sur les tables de la première rangée, je pourrais grimper sur celles de la deuxième et de table en table j’utiliserai l’effet de surprise à mon avantage. Mais le souci arrive au fond de la salle. Ils y sont moins nombreux et moins serrés mais ils paraissent autrement plus dangereux et pervers. Pour eux la manière n’a aucune importance. Seul compte frapper où cela fait mal. A quelques centimètres de la porte, un cerbère, baladeur mp3 vissé sur le crâne, crâne rasé, boucle dans le nez tel le taureau prêt à charger tête baissée, fait craquer ses doigts en prévision de la bataille finale.
D’une main ferme je m’arme d’un dictionnaire, de l’autre je serre mon trousseau de clefs. Doucement, pour ne pas provoquer d’émeutes, je fais quelques pas vers le mur. Dos aux peintures rupestres que des générations de sauvages se sont évertuées à décorer les lieux. J’avance doucement. J’enjambe les restes des curées précédentes et menaces quelques individus de leur expédier la langue française en plein visage.
Je vais y arriver ! J’y arrive ! Signe de liberté, je peux presque sentir un courant d’air frais courant sur mon visage.
Soudain, comme raisonnant des profondeur même de la terre, les cloches du destin  retentissent et déclenchent immédiatement une ruée vers la porte devant laquelle je me tiens. Puisant dans ce qui me reste d’énergie et de courage, je bondi vers l’armoire. Tremblant de ma cachette j’observe la transhumance menant les masses hostiles vers d’autres territoires.


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